đșđž Les habitants de lâEst de lâOregon ne veulent plus vivre avec ceux de lâOuest car ils estiment ne pas ĂȘtre entendus. Ă lâOuest, vote dĂ©mocrate âprogressisteâ : on est pour la lĂ©galisation des drogues, le contrĂŽle des armes, lâinterdiction du marquage du bĂ©tail, l'ingĂ©nierie sociale⊠à lâEst, vote rĂ©publicain âconservateurâ. On est contre : lâhabitat est beaucoup plus dispersĂ©, la police peut mettre des heures Ă intervenir, donc on estime quâavoir une arme est nĂ©cessaire. Câest une agriculture dâĂ©levage oĂč ne pas pouvoir marquer son bĂ©tail parait inconcevable. Les comtĂ©s de lâEst ne veulent plus subir la âtyrannie de la majoritĂ©â, pour reprendre lâexpression de Tocqueville, et demandent leur rattachement Ă lâIdaho dont ils se sentent plus proches culturellement. Ce sont les comtĂ© de lâOuest qui concentrent la population, et font que lâassemblĂ©e lĂ©gislative est dĂ©mocrate. La question de fond câest vaut-il mieux vivre entre personnes qui partagent la mĂȘme culture ? Ou avec des personnes qui ont des cultures diffĂ©rentes au risque de crĂ©er des tensions et antagonismes ? Et en dĂ©mocratie faut-il sâadapter aux minoritĂ©s ? Ici cela se pose dans un cadre politique, mais au fond câest la mĂȘme question qui peut se poser dans une entreprise ou un couple : jusquâĂ quel point peut-on sâenrichir des diffĂ©rences, et Ă quel moment et dans quelle cadre ces diffĂ©rences deviennent-elles sources de trop de conflits. Historiquement on a rarement vu dâĂ©tats sans conflit ou sans une forme de sĂ©paration, lorsquâil nây avait pas une forme dâhomogĂ©nĂ©itĂ© : đ«đ· En France on a massacrĂ© quelques protestants ou on les a forcĂ© Ă sâexiler, et on a forcĂ© les Bretons Ă parler français, đŻđ” Au Japon pareil avec les missionnaires chrĂ©tiens (voir le film âSilenceâ de Martin Scorcese) ou avec la minoritĂ© aĂŻnoue, đ·đž La Yougoslavie sâest dĂ©sagrĂ©gĂ©e petit Ă petit avant que cela finisse en guerre, đźđȘ En Irlande du Nord, des murs sĂ©parent catholiques et anglicans, đ±đ§ Le Liban sâest dĂ©litĂ© sous lâaction de milices religieuses. On peut en faire une liste longue comme le bras. Je pense que lâon sâenrichit de diffĂ©rences, câest ce qui fait lâinnovation, et je mâennuierais avec des personnes qui pensent uniquement comme moi. Mais il faut pouvoir arriver Ă avoir : 1ïžâŁ un socle âculturelâ commun : on communique mieux quand on a les mĂȘmes rĂ©fĂ©rences et quâon est donc capable de se mettre Ă la place de lâautre, ou qu'on a les mĂȘmes valeurs. 2ïžâŁ un but commun : les diffĂ©rences peuvent sâestomper quand on est engagĂ© dans une aventure dont le but est partagĂ©. Vous ne vous entendez pas avec votre voisin, mais demain sâil faut lui donner un coup de main pour emmener en urgence son fils Ă lâhĂŽpital vous allez sans doute dire oui. Un juste milieu Ă trouver, comme pour toute relation, entre gestion des diffĂ©rences et crĂ©ation dâantagonismes, qui dans ce dernier cas ne permettent plus un fonctionnement normal.