262 000 logements vacants à Paris ? Non, pas vraiment.
Entrons dans le vif avec 3 exemples :
1️⃣ Si 200 000 logements sont vacants 6 mois dans l'année, on va compter 100 000 logements vacants.
2️⃣ Mais si ces 200 000 logements ne sont plus vacants que 3 mois dans l'année, on ne va plus compter que 50 000 logements vacants.
3️⃣ Si on passe à 400 000 logements avec toujours un délai de vacance de 3 mois / an, on remonte à 100 000 logements vacants.
C'est ce que nous explique l'étude réalisée par l'Apur, association dépendante de la mairie de Paris, qui est transparente sur sa méthodologie.
Mais que peu de monde a lu complètement.
En gros plus le taux de rotation des locataires augmente, plus le nombre de logements considérés "vacants" augmente, à délai de vacance égale
🤡 Des politiques s'en sont saisis immédiatement pour proposer réquisition pour les uns, taxe sur les logements vacants pour les autres.
Mais comme nous l'avons vu, le problème est que le chiffre est reconstitué et ne constitue pas une réalité.
Beaucoup de gens, quand on balance ce genre de chiffres, s'imaginent qu'il y a réellement des 10aines de milliers de logements inoccupés toute l'année, voire depuis des années.
Que de méchants propriétaires font exprès de ne pas louer, par goût de la spéculation ou pour embêter les gentils locataires.
En réalité, entre 1954 et 2020, le nombre de résidences principales n'a baissé que de 5%, tandis que la population parisienne baissait elle d'environ 25%.
Dans les logements vacants, une grosse moitié (134 000) correspond aux résidences secondaires et locations courtes durées (augmentation de plus de 30% en 10 ans).
Reste donc 128 000 logements vacants. Qui ont augmenté de 30 000 en 10 ans.
En effet, en moins de 10 ans, de 2011 à 2020, Paris perd plus de 100 000 habitants. Ce qui explique en partie l'augmentation de logements vacants, selon l'étude.
✴️ Il faut ensuite distinguer la vacance frictionnelle :
Celle liée aux délais entre 2 locations, plus ou moins longue s'il y a des rafraichissements par exemple, et l'ajustement entre déménagement et emménagement.
✴️ Et la vacance structurelle :
Soit selon l'étude les logements vacants depuis au moins 2 ans, notamment pour 2 raisons :
1. Des travaux de longue durée,
2. Des logements qui ne sont plus aux normes de location.
Et là le "vrai" chiffre des logements retirés du marché c'est 18 600 logements.
On est loin des 262 000 du départ.
2 remarques :
1️⃣ un chiffre c'est bien, je préfère toujours ça à la subjectivité, mais comprendre comment il a été fait c'est mieux,
2️⃣ je m'inquiète que des politiques, qui ont des assistants, n'aient pas pris le temps de lire une étude mais aient pris celui de proposer des mesures qui, à la lecture de l'étude, ne vont pas régler grand chose.
Créateur de revenus et capital avec l’immobilier off-market : pour un avenir financier solide. 🟦 Classé #55 mondial – Voix de l’immobilier terrain sur LinkedIn (Favikon 2025)
1 year ago
Merci beaucoup pour ces précisions et cette explication Laurent Brèches 😊
Fondateur D-PHI Ingénierie Conseil, Expert Energie Carbone, Animateur de La Fresque du Climat
1 year ago
Laurent Brèches merci ! Il est effectivement important de savoir sur quelles bases sont calculées ces chiffres.
Toutefois, il est important également de citer certaines "réserves" de l'APUR elle même qui déclare que les 18 600 logements durablement vacants constituent un seuil bas car :
- "une partie des logements vacants sont exonérés de TLV et probablement absents du fichier LOVAC"
- "Ces données basées sur des outils fiscaux (et non statistiques) peuvent aussi être le résultat de stratégie fiscales de la part des propriétaires."
- "La nuance entre vacance frictionnelle et vacance structurelle est parfois ténue. Un logement laissé vide 1 an et 11 mois ne sera pas présent dans le fichier LOVAC"
"18 600 logements, cela représente environ 5 années de construction dans une ville aussi dense et constituée que Paris"
Remettre les logements durablement vacants sur le marché n'est pas le remède à tous les mots dont acte.
Mais cela constitue sans doute l'une des mesures les plus intéressantes pour éviter autant que possible la construction et son impact environnemental démesuré du fait des matériaux.
Le neuf doit être l'ultime réponse et le dernier recours après avoir épuisé toutes les autres alternatives (cf. commentaire suivant) ->