À Marseille, 34% des logements font partie de résidences fermées, symbole de la séparation de la société.
Les résidences fermées ce sont ces lotissements, pâtés de maison ou immeubles, dont l'accès est limité par des barrières ou gardiens.
C'est ce qu'on trouvait habituellement jusqu'ici dans des pays où les gens ne souhaitent pas vivre ensemble ou minés par une violence et une délinquance mal maitrisée par un état impuissant.
Dans une moindre mesure, quand ce ne sont pas des voies d'accès qui sont fermées, ce sont les digicodes, interphones, pass vigik, etc, qui visent à contrôler qui peut accéder à quoi .
Dans d'autres pays, comme au Japon ou en Corée, on peut encore laisser son vélo dans la rue sans cadenas, et partir de chez soi sans forcément fermer tout à double-tour.
Le développement de ces résidences fermées à Marseille n'a rien du hasard, la ville étant un symbole du laxisme sur les sujets régaliens.
C'est l'illustration qu'on ne peut forcer les gens à vivre ensemble, et que les gens ont tendance à se regrouper avec ceux qui partagent un mode de vie ou des valeurs communes.
Rien de nouveau, Aristote expliquait déjà que c'était le fondement de la création d'une cité.
Ce phénomène m'attriste : qui peut rêver d'une société à l'américaine, à la sud-africaine, ou à l'israëlienne, où l'on est obligé de vivre dans des enclos pour ne pas subir, à tort ou à raison, le reste de la société ?
Va-t-on voir des projets immobiliers se développer en ce sens et sur cet argument ?
Pour faire un lien avec l'actualité, on peut méditer cette analyse de Régis Debray :
"Ceux qui ne veulent pas de frontières sont acculés à faire des murs. La frontière, c’est le vaccin contre le mur. Voyez le Proche-Orient. Tant qu’il n’y aura pas de frontière entre Israël et la Palestine, il y aura un mur. Le propre de la bonne frontière est qu’on la traverse des deux côtés. C’est un aller-retour. C’est le moyen, pour nous, de reconnaître un autre que nous."