À Tygre on ne construit pas de logements, mais on déconstruit l'histoire.
Si les bons sentiments étaient des briques, la crise du logement serait résolue depuis longtemps à Tygre.
Mais comment peut-on construire une politique basée sur les bons sentiments si des citoyen.ne.s continuent à penser mal ?
L'avant-garde éclairée de la municipalité de Tygre profita de la rénovation du musée de l'histoire de Tygre pour rééduquer les masses.
Et désigner les vrais ennemis :
1️⃣ la langue réactionnaire qui invisibilise la moitié de la population !
Et ça crée de sacrés problèmes.
La nouvelle majorité pensait récupérer une ville de 500 000 habitants, que des hommes donc, puisque chacun sait que le genre grammatical correspond exactement au genre des choses dans la réalité.
Surprise ! 50% de ces hommes sont des femmes ! Et cela n'a rien à voir avec une supposée fluidité de genre !
Comment peut-on construire une politique digne de ce nom si la langue nous induit ainsi en erreur ?
Il était temps de mettre fin à cette injustice source de confusions.
Saupoudrer du point médian résoudra le problème, c'est dit ! Tous les panneaux explicatifs seraient désormais rédigés en français inclusif !
Pour les sous-titres en Anglais ou Espagnol, on verra plus tard : on ne peut pas tout révolutionner d'un coup.
2️⃣ l'homme, et plus particulièrement blanc, hétéro, cisgenre !
Maintenant qu'on a appris qu'un Tygrien peut être une Tygrienne, et que la langue nous a menti, il apparait évident que le mensonge était systémique.
Et donc qu'en réalité l'histoire de Tygre, pendant des siècles, n'a pas été faite par les Tygrien.ne.s.
Le musée de l'histoire de Tygre devait réparer cette injustice. Dehors les historiens réactionnaires !
Place à des statisticiens pour mettre sur un pied d'égalité de manière scientifique, morale et objective les vraies figures de l'histoire de Tygre.
Même si la ville de Tygre avait été dirigée pendant plus de 50 ans par un homme, désormais devait figurer à ses côtés, au même niveau, et dans des dimensions équivalentes, le portrait d'une conseillère municipale dont l'histoire n'avait pas vraiment retenu les actes.
De même était-il nécessaire de faire figurer au même niveau d'importance les luttes intersectionnelles des dernières années que l'histoire des révoltes ouvrières qui ont agité l'histoire de Tygre au cours du 19ème siècle.
Il devenait évident que les premières ont largement plus façonné Tygre que les secondes.
Désormais, nul.le visiteurice du musée de l'histoire de Tygre ne pourra ignorer la véritable histoire de Tygre.
À Tygre, ce n'est quand même pas la réalité qui allait arrêter le sens de l'histoire, non ?