"Avec nous" contre "Malgré eux" : un peu comme au foot, ce n'est pas celui qui a le jeu le plus élégant qui gagne.
On a beaucoup glosé sur la personnalité de Trump, mais comme souvent sans vouloir voir les causes.
1️⃣ Un clivage "Avec nous" contre "Malgré eux"
"Avec nous" (Trump) : un appel à l’aide économique et culturel.
Les électeurs de Trump ne demandent pas seulement à être entendus économiquement.
C’est aussi une bataille culturelle.
Ils se sentent déclassés et déconnectés dans une société où leurs valeurs traditionnelles sont souvent jugées archaïques.
"Avec nous", c’est un cri pour préserver non seulement leur place économique, mais aussi leur identité face à une forme de progrès qu’ils voient comme menaçante.
C'est dire "on existe".
"Malgré eux" (Harris) : le progrès avance, même et surtout s'il faut faire table rase du passé.
Les progressistes avancent avec l’idée que le progrès, qu’il soit économique ou sociétal, est inévitable.
Que tout changement est positif.
"Malgré eux", c’est un projet qui doit dépasser les résistances locales ou culturelles.
Les valeurs traditionnelles ? Perçues comme des freins à la diversité, à l’ouverture.
"Ils comprendront plus tard… ou tant pis."
2️⃣ La réactance psychologique
Trop crier au loup rend le loup sympathique.
Les médias se sont acharnés sur lui. À raison sur certains points, à tort sur d'autres.
Le rendant, paradoxalement, sympathique à certains.
Pas parce qu'ils l'aiment ou partagent ses idées.
Mais parce qu'ils se rebellent contre une pensée unique qui leur semble imposée.
Un peu comme ces écologistes radicaux qui donnent envie de brûler de l’essence ou manger un steak saignant, juste pour contrarier leurs prêches incessants.
Ce réflexe a un nom : la réactance psychologique.
C’est ce petit moteur dans notre cerveau qui déteste qu’on lui dise quoi penser.
Un peu comme quand on demande à son gosse de faire quelque chose et que la réponse est invariablement "Non", alors qu'il l'aurait fait si vous ne lui aviez pas demandé.
Plus on diabolise quelqu'un ou une idée, plus on pousse les gens à remettre en question l'attaque elle-même.
Comme en France avec le FN puis le RN.
Toute une partie du vote en sa faveur s'apparente à un doigt d'honneur à une forme d'intelligentsia qui prétend dire le bien et le mal, le bon et le mauvais.
Cette opposition constante à Trump, ou à tout autre "vilain" désigné, est justement ce qui alimente aussi son attrait.
Après tout, personne n’aime se sentir manipulé.
Trop de certitudes tuent la conviction.
Il peut en tous cas remercier ceux qui ont traité avec mépris ses électeurs : cela aura été le meilleur carburant de sa campagne.