"Bonjour gentil propriétaire, pour te remercier de me laisser louer ton bien, voici 2000 Euros !"
Si les locations fonctionnaient en France comme au Japon, c'est ce qui se passerait.
Pour bon nombre de locations au Japon il est d'usage d'offrir un "reikin" ou "argent remerciement".
En plus de la caution.
Et c'est de l'argent que le locataire ne reverra jamais.
En gros c'est du racket organisé, mais on est au Japon, donc on met les formes.
Et c'est tout à fait officiel.
Sur les annonces, au milieu de la surface, de la caution, du loyer, le montant du reikin est bien précisé.
D'où vient cette étrange tradition ?
Certains la font remonter aux temps plus anciens où les parents envoyaient leurs enfants étudier à Tokyo.
Et où ils payaient en quelque sorte le propriétaire pour qu'il veille un peu sur leur progéniture.
Vu le décalage entre l'offre et la demande à Tokyo, avec des propriétaires en position de force, cette tradition s'est développée, mais sans forcément de justification.
D'ailleurs souvent c'est l'agence de location qui en fait conserve cet argent.
Ce sont en quelque sorte des honoraires cachés.
Mais nous aussi en France on a notre reikin.
Sur les marchés locatifs tendus. En pénurie d'offre.
Ce reikin qui sert en fait à filtrer les locataires pour "vendre" la location au plus offrant, une sorte d'abus de position dominante, peut prendre plusieurs formes.
Dans les villes avec plafonnement, cela va être les vrais-faux compléments de loyer, où on paie 150 Euros de plus parce que depuis la lucarne des toilettes on aperçoit le haut de la tour Eiffel situé à 3 kilomètres.
Par temps clair.
Tout le monde sait que c'est n'importe quoi, que ça sert juste à contourner le plafonnement, mais on ferme sa gueule pour obtenir un logement.
Sinon cela peut aussi prendre la forme des garanties de loyer payées par le locataire.
Leur but affiché est bien sûr de sécuriser le propriétaire sans surcoût pour lui.
Mais l'autre argument mis en avant est d'apporter une différenciation vis-à-vis dans la compétition avec les autres dossiers locataires.
Sur le mode "Hé propriétaire, prend moi : même si je paie pas tu vas toucher tes loyers et ça va rien te coûter".
Alors certes, le montant de la prime ne finit pas dans la poche du propriétaire.
Mais c'est quand même environ 3,5% du loyer que va payer chaque mois le locataire pour se dire "J'ai peut-être une chance d'avoir un logement cette année !".
C'est une sorte de pizzo calabrais : une contribution "volontaire".
Par contre, l'agence de location un peu dégourdie aura négocié une commission sur les primes auprès de l'assureur ou du courtier.
La pénurie a toujours été un contexte merveilleux pour innover et trouver des solutions à des problèmes qui ne devraient pas exister, non ?