"Ce sera la dernière fois que la note de conjoncture sera sincère."
C’est ce que le directeur du Trésor aurait glissé à Arnaud Montebourg lors de sa nomination comme ministre de l’Économie.
On parle juste de la transparence de la situation économique du pays : une broutille.
Et Montebourg de balancer, des années plus tard, ce que tout le monde sait mais que personne n’osait trop dire, a fortiori quand on vient de la gauche :
– Il faut virer des gens.
– Il faut en récompenser d’autres.
– Il faut entrer dans le détail.
– On donne sciemment de mauvaises informations, évitant ainsi de prendre les bonnes décisions.
– Et bien sûr, on essaie de faire nommer les copains.
Bienvenue dans la République des copains.
Pas une dérive. Un mode de fonctionnement.
Des rapports avaient déjà montré que nombre de hauts fonctionnaires nommés à des postes de direction dans les cabinets ministériels avaient des liens personnels avec leurs ministres.
Et que la rotation rapide entre public et privé (le fameux pantouflage) alimentait les conflits d’intérêts dans un flou quasi institutionnalisé.
Le plus troublant, c’est ce que dit Montebourg en creux :
👉 Si le ministre ne dit rien, l’administration fait ce qu’elle veut.
Autrement dit : sans volonté politique, la technostructure gouverne.
Mais c’est plus grave encore : même quand le ministre dit quelque chose, il n’est pas sûr d’être écouté.
Macron, lors d'un conseil des ministres, s'était plaint que lorsqu'il disait bleu, au bout du process on arrivait à du rose.
Car à chaque strate du processus d'application, on s'évertuait à modifier, en fonction de ses affinités personnelles ou idéologiques, les instructions du N+1.
Pendant ce temps, on explique :
- aux entrepreneurs qu’ils doivent "rendre des comptes",
- aux salariés qu’il faut "changer de mindset",
- et aux citoyens que le problème, c’est le populisme.
La France ne manque pas de talents.
Elle manque de courage, et d’un bon coup de karcher dans ses tuyauteries administratives.
Monsieur Montebourg est à deux doigts de découvrir que, quand ceux qui font les budgets, ceux qui les dépensent et ceux qui les contrôlent, appartiennent à la même maison mère, ça finit toujours comme la France, très très mal.