"C'est beaucoup plus facile d'être contre le racisme quand on habite à Neuilly", Michou (Patrick Timsit), La Crise, 1992.
Une scène culte qui donne l'impression d'avoir été écrite hier.
Le bourgeois, dans le film député socialiste, à l'époque habillé en costume et chaussé en Weston, toise Michou et lui explique ce qu’il "devrait" penser, au nom du Bien.
33 ans plus tard le costume est tombé, remplacé par des Veja, une chemise en lin, et un tote bag en coton bio.
Toujours la même morgue, toujours le même déni de réalité.
Incapables d’entendre ce que les "Michou" vivent, ils préfèrent leur expliquer qu’ils pensent mal.
Et s’étonnent ensuite qu’on ne les écoute plus.
Coluche disait qu'un électeur FN c'était juste un ancien électeur communiste qui avait été cambriolé 2 fois.
Le mépris n’a pas changé de camp, il a juste changé de style.
Mais le discours est toujours le même.
On préfère toujours donner des leçons que voir la réalité.
On préfère toujours accuser les mots pour ne pas avoir à comprendre les maux.
Résultat : on nourrit ce qu’on prétend combattre.
Et on s’étonne ensuite que les "Michou" se braquent.
C’est là le déni de réalité : croire qu’on guérit le malaise social avec un sermon plutôt qu'en traitant le réel.
Qu’on réconcilie un pays en niant ce qu’il ressent.
Pourtant des solutions existent pour un vrai vivre-ensemble.
Mais changer les chaussures n'a pas suffi à changer la hauteur du piédestal.