"C'est la faute de l'informatique !" (Josiane de la compta quand un client se plaint d'une facture avec un montant erroné en sa défaveur).
J'ai tellement d'anecdotes où des collaborateurs qui ne voulaient pas assumer une erreur humaine auprès des clients la mettaient sur le dos de "l'informatique".
Un concept assez nébuleux, mais qui dans 90% des cas aboutissait au constat que le problème informatique se situait entre le fauteuil et le clavier.
Ben oui, pas tout le monde n'a le courage de dire "J'avoue, c'est ma faute, j'ai fait du travail de sagouin !".
Et c'est parfois compliqué d'expliquer que le problème est connu, reconnu, mais que tout le monde s'en fout.
Voire qu'il est sciemment laissé et organisé.
Par exemple j'ai travaillé avec un très gros assureur sur des assurances Multirisque immeubles.
Toutes les factures qu'ils émettaient étaient fausses.
Après multiples échanges, remise en question sur notre façon de calculer, on a eu la réponse magique : "C'est la faute de l'informatique."
Précisément le coupable aurait été un vieux système AS400 avec un logiciel maison pour lequel plus personne n'aurait été en mesure d'actualiser les taux de taxe.
Des millions d'Euros mal facturés.
On a aussi le cas de certains réseaux bancaires qui s'obstinent à éditer des tableaux d'amortissement avec des intérêts calculés sur des années de 360 jours plutôt que le nombre de jours réels.
C'est quelques euros pris ici ou là. Discrétos.
Et si vous faites une remarque auprès du conseiller : "C'est la faute de l'informatique."
C'est pas vérifiable, ça clot généralement le débat.
Le problème est connu, reconnu.
Mais la banque fait un calcul opportunité / risque.
Alors à la réunion du lundi matin à la Société géniale ou au Crédit culturel, l'échange est à peu près celui-ci :
- Jean-Paul : "Bon, chef, on a remarqué que sur nos tableaux d’amortissement, on calcule les intérêts sur une année de 360 jours. Ça fait quelques euros en plus pour nous sur chaque prêt…"
- Chef : "Hum, intéressant ! Et combien de clients vont le remarquer, tu penses ?"
- Jean-Paul : "Franchement, avec les niveaux en maths aujourd’hui… 5% max !"
- Chef : "Excellent ! Et parmi ceux-là, combien iront se plaindre ?"
- Jean-Paul : "Peut-être la moitié ?"
- Chef : "Génial. Et on leur dira que c’est la faute de l'informatique. Ni vu ni connu, de toute façon personne ne supporte les développeurs. Toujours à trouver des excuses pour pas faire ce qu'on leur demande."
- Jean-Paul : "Parfait. Et si quelqu’un veut pousser jusqu’au bout, on est couverts par nos provisions pour frais juridiques. Procédures longues, on fait appel, ils s’épuisent."
- Chef : "Jean-Paul, tu mérites une prime. On mange ?"