Chaque fois qu'on me parle d'intelligence collective, je pense à cette illustration que j'avais affiché dans mon bureau.
Dire oui à tout, à tout le monde, penser qu'au fond tout se vaut et est au même niveau,
c'est facile, c'est mieux vu, mais c'est le meilleur moyen de se perdre.
Pourtant c'est tentant : ça donne de soi une image positive.
C'est tendance : on promeut l'horizontalité, tout le monde a le droit d'avoir un avis sur tout.
On est à l'écoute. "Aware" comme dit Jean-Claude Van Damme.
Mais moi j'admire les gens qui savent dire "Non" quand la plupart préfèrent dire "Oui".
Alors pas juste "Non" de façon purement négative, capricieuse,
pour affirmer son autorité en dépit du bon sens, ou par coquetterie égotique.
Mais les "Non" argumentés.
Les gens qui m'intéressent sont ceux qui détonnent,
qui se fichent des modes et de ce que pensent les autres.
Steve Jobs expliquait que pour un "Oui", il répondait par cent "Non" avant.
Et que c'est ce qui faisait qu'il était toujours focus sur une tâche, un objectif,
pour atteindre son idée de la perfection.
Ça n'a pas trop mal marché finalement.
Ce n'est pas pour ça que demain il faut se la jouer poète maudit
en disant "Non" à tout et n'importe quoi,
et en croyant que les autres n'ont rien compris.
Il faut trouver un juste équilibre entre la positivité béate, où tout le monde et tout est formidable,
et la négativité paranoïaque qui laisse à penser qu'on est un génie incompris.
En bref, il faut douter tout le temps :
assez pour accepter de recevoir et se remettre en question,
pas trop pour ne pas se retrouver paralysé par ses doutes.
Et dans ces circonstances, se rappeler que Charles Bukoswki disait :
"Le drame du monde, c'est que les gens intelligents sont pleins de doutes tandis que les imbéciles sont sûrs d'eux."