En 1958, les finances publiques françaises sont dans le rouge vif, inflation et dette galopent. Les gouvernements sautent les uns à la suite des autres.
C'est dans ce contexte, auquel s'ajoute la guerre d'Algérie, que René Coty nomme de Gaulle à Matignon.
En s'étant assuré au préalable d'avoir une large latitude d'action.
Il charge Antoine Pinay, ministre des Finances, assisté de Jacques Rueff, d'établir un plan d'apurement et de relance.
Le duo se met à l'oeuvre et concocte un cocktail qui ferait s'évanouir n'importe quel ministre aujourd'hui :
1️⃣ Une réduction drastique des dépenses de l'État.
Y compris des prestations sociales, pour libérer les finances publiques de la dépendance à la dette.
Ce sera par exemple le cas y compris pour la très symbolique retraite des anciens combattants, qui n'hésiteront pas à manifester, mais ne feront pas plier de Gaulle.
2️⃣ Une dévaluation du Franc.
2 objectifs :
- favoriser les biens produits localement en renchérissant les produits manufacturés importés,
- rendre les exportations plus compétitives.
3️⃣ Suppression de subventions coûteuses et inefficaces.
Une option libérale qui vise à laisser les mécanismes de marché redresser les secteurs en difficulté.
Conjointement à la suppression des taxes et droits à l'entrée et à la sortie pour 90% des biens.
4️⃣ Une rigueur administrative.
Mais dans le contrôle des dépenses de l'État, au service d'un budget équilibré.
C'est à l'issue d'un conseil des ministres qui dura près de 9 heures, que de Gaulle qualifia comme l'une de ses plus rudes batailles, que le plan est adopté.
L'application de ces mesures fut dure, très dure.
Mais ce fut le point de départ d'un redressement économique spectaculaire et d'un renouveau de la compétitivité française.
Si en 2024 le contexte est différent, les principes de base sont les mêmes.
Il faut avoir le courage de taper là où ça fait mal.
Il faut dire la vérité.
Quand on voit les propos de Bruno Le Maire hier en commission d'enquête, en mode les 3 singes (je ne dis pas, je ne vois pas, je n'entends pas), on en est loin.
Pas besoin d'homme providentiel, on n'a hélas pas de de Gaulle en réserve, mais d'autres pays y sont parvenus.
C'est donc possible.
Il suffit de vouloir. Vraiment.