En France, l’IA c’est Terminator qui va nous remplacer. Au Japon, l’IA c’est des robots Astro qui vont aider les personnes âgées.
Cette différence de perception est pour beaucoup anthropologique, même si je force le trait.
Des posts plus ou moins inquiets défilent sur ChatGPT depuis quelques jours : cette intelligence artificielle (IA) qui va décimer certains métiers, rendre inutile ceci ou celà, voire pire !
Dans l’inconscient collectif, pour l’IA, on a plutôt l’image d’un Terminator (donc du danger) que d’un gentil robot comme Astro (donc d’une opportunité).
Et c’est pourquoi que je vais (encore) parler du Japon, car c’est éclairant (et puis parce que j’aime ça).
À grands traits :
- occident = fond de culture chrétienne. L’Homme est créé à l’image de Dieu. Qu’une machine puisse égaler l’Homme, voire la dépasser, et donc égaler ou dépasser Dieu, c’est contre-nature.
- Japon = fond de culture animiste. L’animisme c’est le principe selon lequel les choses ont une âme. La frontière entre humains, animaux et objets est donc beaucoup plus poreuse que dans notre culture.
Au Japon, une machine dotée d'une intelligence, ou de caractéristiques humaines, insérée dans la société, cela heurte naturellement beaucoup moins les mentalités.
De plus, le Japon a une natalité en berne et ne veut pas faire appel à une immigration de peuplement pour préserver son homogénéité culturelle et son harmonie sociale.
La robotisation des emplois serait donc une solution idéale pour répondre à cette équation.
Lors de mon dernier voyage à Tokyo, j’ai rencontré des robots à l’accueil de mon hôtel, ou des grands magasins notamment, sans que cela choque grand monde.
Un secteur en fort développement à ce niveau semble être celui de la prise en charge et l’assistance des personnes âgées.
En France, j’imagine que l’on crierait à la déshumanisation (parfois à raison) et à la menace sur l’emploi.
Il faut savoir que les pays avec le plus de robots par habitants, sont aussi ceux où le chômage est le plus bas ou parmi les plus bas.
Nous n’avons pas la même culture, mais rien n’interdit de s’inspirer de ce qu’il y a de mieux ailleurs, sans idéalisation, au risque de rater le coche d’une évolution qui s’imposera d’elle-même.
Faute de s’y être préparés nous nous verrions contraints de devoir suivre l’une des réflexions de Talleyrand : “Les évènements nous échappant, feignons de les organiser”.
Alors plutôt team Terminator ou Astro ?