Khadija a 3 fois moins de chance d'être reçu à un entretien d'embauche que Marie. Pourtant si vous pensez que l'écart s'explique par du racisme vous avez tort. Car Khadija et Marie sont une seule et même personne. C'est le résultat d'un testing mené en suivant une méthode scientifique. 3 CV ont été créées, avec des âges, compétences et parcours similaires : 1️⃣ Aurélie Ménard : une femme blanche "classique". 2️⃣ Khadija Diouf : une femme d'origine sénagalaise, dont le prénom, le nom, et les engagements associatifs suggèrent qu'elle est musulmane. 3️⃣ Marie Diouf : la même femme d'origine sénégalaise, mais avec un prénom et des engagements associatifs qui suggèrent une culture chrétienne. Résultats : 1️⃣ 27% des entreprises envoient une réponse positive à Aurélie Ménard. 2️⃣ 21% des entreprises envoient une réponse positive à Marie Diouf. 3️⃣ 8% des entreprises envoient une réponse positive à Khadija Diouf. Que peut-on en conclure ? Si on s'était arrêté à la 1ère phrase du post, sans tester le CV de Marie Diouf, on aurait pu conclure que 19% des entreprises pourraient faire un profilage racial. En réalité, on peut estimer au maximum ce profilage à 6%. Une erreur d'appréciation du simple au triple. Et qui montre que la vraie discrimination n'est pas raciale, mais culturelle. Autrement dit les gens préfèrent ceux qui leur ressemblent culturellement. Rien de nouveau, on sait ça depuis les philosophes antiques qui l'ont théorisé (coucou Aristote). Sauf pour ceux qui vident les mots de leur sens, façon 1984, ce n'est pas du racisme. Mais c'est de la discrimination. Or je vois beaucoup d'analphabètes ou de malhonnêtes statistiques sur LinkedIn. Par exemple récemment on a eu droit à "les femmes gagnent 15% de moins que les hommes" par certains ou certaines qui relayaient de bonne foi ou non certains éléments de langage. C'est factuellement vrai au global. Sauf qu'on fait une jolie bouillabaisse où on mélange temps plein, temps partiel, salaires de PDG et de caissières, etc. À poste et entreprise équivalente, l'écart salarial n'est "plus" que de 4%. Ce qui met en exergue le fait qu'on ne gagne pas moins parce que femme, mais parce que plus de femmes sont à temps partiel, ou dans des secteurs à moins forte valeur ajoutée. Dans les assurances on travaille sur les statistiques quasiment tous les jours. Assurez-vous de travailler avec quelqu'un qui sache les lire et les exploiter. Plutôt qu'avec quelqu'un qui va ne s'en servir que pour confirmer ses biais pour prendre, ou vous faire prendre, les mauvaises décisions. Les (mauvais) conseilleurs ne sont pas les payeurs. NB : chiffres tirés d'une étude menée par la French-American Foundation et Sciences Po.