“La France moche, c’est chez moi. J’ai fêté pas mal d’anniversaires au Buffalo Grill, j’ai été habillé à la Halle aux chaussures, j’ai été élevé au rayon BD d’Auchan.”
Ces propos sont tirés d’un article de l’hebdomadaire Le Point consacré au rêve des Français de la maison pavillonnaire, à l’occasion de la sortie du livre “Une maison sinon rien” du journaliste Clément Pétreault.
En 50 ans, la maison individuelle est passée de 40% du parc de logements à 56%.
À l’issue de la 2nde guerre mondiale, dans une France à reconstruire, c’est plutôt l’habitat collectif qui est promu par les pouvoirs publics.
C’est un moyen d’entretenir un esprit de groupe, se débarrasser des archaïsmes supposés, dans le cadre d’un nouvel ordre basé sur la solidarité nationale, illustré par la création de la Sécurité sociale.
La maison symbolise alors une vision passéiste voire réactionnaire, car elle évoque la propriété individuelle et la famille, valeurs portées par le gouvernement de Vichy, qui n’hésitait pas à utiliser la maison dans sa propagande.
Pourtant à partir de la fin des années 60, se développent les lotissements, conjointement avec le développement des zones d’activités, avec son hyper ou supermarché, et sa zone de chalandise ponctuée de hangars.
C’est cette fameuse “France moche”, du titre d’un article de Télérama de 2010 sur la politique urbanistique très critiquable menée en France.
Elle a conduit à enlaidir les accès des villes tout en tuant le commerce de centre-ville dans de nombreuses petites villes et villages, et fait figure de contre-exemple pour de nombreux pays.
En plus de sa supposée laideur, cette France pavillonnaire cumule 2 handicaps pour certains observateurs :
1️⃣ au niveau électoral Marine Le Pen y fait des scores très importants, illustrant un fort transfert du vote des ouvriers et petites classes moyennes de la gauche vers la droite.
2️⃣ le mode d’habitat est critiqué désormais pour des raisons écologiques, puisqu’il nécessite plus d’artificialisation de sols, notamment, que l’habitat collectif.
Ce mode de vie et ses habitants, en gros la France des gilets jaunes, sont largement critiqués voire moqués par certains médias ou présentateurs d’émissions.
Ce serait des zones peuplées de beaufs égoïstes un tantinet fachos qui mangent mal, roulent encore en voiture thermique et sont plus préoccupés par la fin du mois que la fin du monde…
Ce sont aussi des lieux de partage, de souvenir et d’apprentissage.
Comprendre les raisons de ces choix de vie peut nous aider à envisager de nouvelles formes d’habitats adaptés aux enjeux de l’époque sans dénigrer ceux qui y vivent.