"Le pavillon c'est un mode de vie."
"La gauche s'est désarrimée des classes populaires en ne comprenant pas qu'il y avait un mode de vie qui était attaché aux classes populaires. […]. La gauche a perdu une partie du périurbain."
L'analyse de Clément Petreault me semble particulièrement juste.
Elle rappelle quelque chose d'ancien en sociologie politique, à savoir que le logement, au sens large, conditionne autant qu'il est le reflet d'une vision de la société.
S'attaquer au pavillon, parce que ce ne serait pas assez écologique, parce que cela serait le signe d'un repli sur soi, etc, ce n'est pas seulement critiquer l'habitat.
Ou du moins c'est perçu par ceux qui vivent dans cet habitat comme la remise en cause d'un mode de vie pour lequel ils ont en général sacrifié du temps et de l'argent.
Cela me rappelle cette phrase de Benjamin Griveaux qui, voulant critiquer ce type d'électorat, avait parlé "des gars qui fument des clopes et roulent au diesel."
Que plus tard Sandrine Rousseau complètera en citant aussi le barbecue.
Un joli mépris de classe, et une forme de suspicion sur ces gens qui entendent vivre simplement et à l'écart des vicissitudes de la vie en communauté, ou du moins en barres d'immeubles.
Déjà, en 1913, André Siegfried soulignait l'impact du lieu de vie sur la pensée politique.
Dans son célèbre "Tableau politique de la France de l'Ouest", il explique ainsi la géographie électorale par la nature des sols et le mode d'habitat.
Choses qui n'ont a priori rien à voir.
Mais on observe que :
1️⃣ Dans les régions à sol granitique, les points d'eau sont nombreux et dispersés, favorisant là aussi un habitat dispersé.
Le seul lieu de socialisation est, pour simplifier, l'église, une fois par semaine. D'où vote conservateur.
2️⃣ Dans les régions à sol calcaire, les points d'eau sont plus concentrés, favorisant dans ce cas un regroupement d'habitats.
Ce qui conduit à la création de lieu de sociabilisation alternatifs, comme le café du village, et pas seulement l'église. Et donc un vote moins conservateur / plus progressiste.
N'oublions pas que l'habitat n'est pas juste un toit, mais aussi une identité.