Le plafonnement des loyers : un effet d'aubaine pour les locataires les plus riches.
S'il y avait un exemple concret pour expliquer "L'enfer est pavé de bonnes intentions", je pense que le plafonnement des loyers figurerait en bonne place.
Reprenons l'idée qui sous-tend ce dispositif :
"Les loyers sont trop chers pour une partie de la population. Et les propriétaires s'en mettent plein les fouilles. Donc on va plafonner les loyers, comme ça les locataires les moins riches pourront louer plus facilement."
C'est aussi beau qu'un tableau Excel avec ses formules. En théorie tout roule.
Sauf que…
Le propriétaire qui loue, hormis la minorité qui veut faire les bons samaritains, se fiche de la situation du locataire.
Voire il ne la connait pas ou peu quand il a confié la gestion à un administrateur de biens.
Ce n'est pas parce que le loyer est plafonné à 800 € alors qu'il pourrait être à 900 € qu'il va se dire :
"Oh non mais vraiment, je vais plutôt prendre ce locataire qui gagne 2400 € par mois plutôt que celui qui gagne 4000 € par mois, parce que j'ai envie que le plafonnement des loyers joue son rôle."
Par contre, le locataire qui gagne 4000 € par mois, il est bien content de ne pouvoir payer que 800 € de loyer là où il aurait dû payer 900 €.
Déjà pas à l'abri du besoin, il économise 1200 € / an.
Qu'il peut dépenser en activité instagrammable, en remerciant M. Doucet ou Mme Hidlago.
"Bon, même si ça n'améliore pas réellement la situation des locataires les moins à l'aise, au moins ça ne la dégrade pas ?"
Ben si. Puisque les plafonds, tels qu'ils sont, réduisent le rendement locatif (3,5% à Lyon).
Cela rend l'investissement locatif moins intéressant. Cela tend à faire augmenter la part de propriétaires occupants, et donc à réduire l'offre locative.
Les locataires ont donc en plus tout intérêt à ne pas rendre leur logement pour en louer un autre, sauf cas de force majeure, car ils seraient en situation de concurrence accrue.
Sans être certains de pouvoir relouer facilement.
En conséquence les durées de location s'allongent, sclérosant encore plus le marché.
J'ai rarement vu une aussi mauvaise idée, les études (j'en ai donné une 10aine il y a quelques jours, mais j'en ai plein d'autres) sur le sujet abondent.
Rendre la location "classique" plus intéressante face à la location courte durée par exemple, pourrait être un début de solution.
Pas en ajoutant des obstacles fiscaux ou réglementaires à la LCD, ça c'est la facilité.
Mais en faisant que la location "classique" soit plus intéressante financièrement ou en terme de risque qu'aujourd'hui.