Le Trésor public envisage de ne plus accepter les chèques. Fin programmée d’une autre "exception française" que le monde ne nous envie pas.
Car selon la BCE, 88 % des chèques émis dans l’UE sont français.
Et leur usage s’effondre : -20 % en un an, ils ne représentent plus que 3% des transactions, contre 37% au début des années 2000.
Pour l’État, c’est encore moins : moins de 1% des montants lui sont réglés par chèque.
Alors oui, les syndicats protestent. Forcément, la fermeture du centre de traitement supprimerait une cinquantaine de postes.
Mais imaginez un monde enfin débarrassé de ce fossile bancaire :
- plus de files interminables derrière Ginette, 88 ans, qui signe en tremblant son chèque après trois tentatives,
- plus de carnets à conserver pendant dix ans au cas où,
- plus d’encarts minuscules pour écrire la date, le motif et l’ordre à la loupe,
- plus de dépôts laborieux à la banque pour encaisser un bout de papier qui met trois jours à "arriver".
Adieu le chèque, bonjour le XXIᵉ siècle.
Le problème ? En France, on ne sait pas toujours enterrer ce qui ne sert plus.
On le maintient sous perfusion au nom d’emplois à sauver, quitte à bloquer le progrès pour tout le monde.
Si on avait appliqué cette logique partout, on écrirait encore au minitel, on paierait en francs, et on louerait des VHS au Vidéoclub du coin.
Le vrai progrès, c'est garder ce qui vaut, changer ce qu'il faut.