L'État-nation, la mondialisation et la démocratie politique sont dans un bateau.
Mais selon la théorie du trilemme de Rodrik on ne peut concilier simultanément :
✅ mondialisation économique / intégration profonde,
✅ souveraineté nationale / état-nation,
✅ démocratie politique.
Donc l'un doit être jeté en dehors du bateau.
Cette grille de lecture me parait intéressante pour analyser les choix de société possibles et ce que cela implique.
3 exemples :
1️⃣ Souveraineté nationale + démocratie politique (compromis de Bretton-Woods)
L'efficacité des politiques nationales économiques, mais aussi sociales et de redistribution (état-providence) imposent des limites à la mobilité du travail, du capital et des personnes.
Par exemple, il n'est pas possible de cumuler à long-terme un système social très généreux et indifférencié, en même temps qu'une absence de contrôle des flux.
C'est d'ailleurs ce qui explique la politique menée dernièrement par la gauche danoise.
Cela s'oppose donc à l'hypermondialisation.
2️⃣ Mondialisation + souveraineté nationale (camisole dorée)
Les politiques publiques menées au nom de la mondialisation sont impopulaires auprès des citoyens, car à terme elles affaiblissent l'état-providence, créent de l'insécurité économique et diminuent les droits des travailleurs.
Pour maintenir ces politiques, il faut donc limiter les droits politiques et d'expression des citoyens.
C'est un peu ce qu'on retrouve en Chine.
L'hypermondialisation implique donc une limite de la démocratie.
3️⃣ Mondialisation et démocratie politique (fédéralisme global)
La demande de coordination des politiques sociales, économiques, environnementales, etc, compromettent les politiques nationales.
Ce qui s'oppose au principe de souveraineté nationale.
C'est le modèle de l'Union européenne, mais qui décale les problématiques du combo Souveraineté + démocratie à un niveau plus élevé, en l'occurence européen.
Chaque cas implique des compromis.
On peut reconnaitre nos blocs politiques en pleine recomposition ou décomposition, selon le point de vue, dans chacune de ces 3 hypothèses.
Qui va gagner ? Quel est le plus efficace ?
Ce qui est sûr, c'est que gouverner c'est choisir, et savoir ce qu'on veut abandonner.