L'hôpital de Valenciennes ne compte que 5% de personnel non médical, contre 33% dans un hôpital français, pourtant il surperforme.
Dans cette phrase ce qui est étonnant ce n'est pas le fait que cet hôpital surperforme.
C'est d'être étonné qu'à un certain niveau la bureaucratie n'ajoute aucune efficacité et devient contre-productive.
On l'a (déjà) oublié, mais lors de la crise Covid nombre de soignants étaient épuisés, mais ils ont trouvé une nouvelle motivation grâce aux mesures de simplification et d'autonomie qui s'étaient imposées.
Cela avait redonné du sens à leur travail.
Pas besoin de remplir 50 formulaires ou de demander l'autorisation à 3 chefs pour remplir leur vraie mission : soigner.
À l'hôpital de Valenciennes, c'est exactement ce principe qui a été mis en place :
✅ une déconcentration de la décision, avec des sortes de "business units" qui fonctionnent en relative autonomie de décision et de budget,
✅ une association du personnel soignant dans le processus de décision et d'élaboration des projets.
Ça parait évident, mais faire ce qu'on dit et dire ce qu'on fait, ça permet de donner du sens à l'action, de responsabiliser chacun.
De donner le choix à ceux qui ne partagent pas ces orientations d'éventuellement voler de leurs propres ailes ailleurs.
Mais d'après vous, quand un "Ségur" de la santé est organisé en 2020, pour voir comment refonder le système de soins, est-ce que le modèle valenciennois qui est retenu ?
Et bien non ! Ça aurait été trop beau.
J'y vois deux explications :
1️⃣ Égotique :
Admettre qu'on a fait fausse route pendant des années ? Impossible.
Cela reviendrait à dépouiller tout un petit monde de son pouvoir de décision et de blocage.
Et soyons honnêtes, personne n'aime perdre son pouvoir.
2️⃣ Économique et sociale :
Reconnaître qu'on peut faire mieux avec moins ? Cela signifie qu'il y a du personnel inutile (sans jugement de valeur).
Et cela aurait des conséquences en termes d'emplois.
Et dieu sait qu'on préfère ignorer l'évidence plutôt que d'affronter cette réalité.
Les labels et récompenses obtenus par l'hôpital de Valenciennes ne pèsent pas lourd face à la bureaucratie qui, nécessaire à un certain stade, peut vite devenir une pathologie dégénérative.
Je prends l'exemple de l'hôpital, mais on pourrait dire la même chose de l'école.
Qui peut sérieusement imaginer, que 2 écoles, avec 2 "publics" différents, devraient suivre forcément la même pédagogie, avec les mêmes méthodes ?
J'enfonce des portes ouvertes, car pour qui veut bien se renseigner, ce constat est largement partagé.
Il faut "juste", à un moment, que quelqu'un ait le courage d'affronter notre Leviathan bureaucratique.
Certains pays l'ont fait, pourquoi pas nous ?