"On ne représente pas la France telle qu'elle est […] mais telle qu'on voudrait qu'elle soit."
C'est l'aveu de Delphine Ernotte, PDG de France Télévisions, et peut-être future PDG de la holding qui englobera tout l'audiovisuel public (France TV, Radio France, …).
Avec 4 milliards d'Euros de budget.
Les critiques sont fréquentes quant au manque de pluralité d'opinion de l'audiovisuel de service public.
Elles sont fondées quand on sait qu'à France Télévisions, par exemple, les rédacteurs en chef sont intéressés financièrement à l'évocation de certains sujets : diversité, outre-mer, Europe.
Une pratique originale qui, si elle autorise des points de vus positifs ou négatifs, tient plus du publi-reportage que du journalisme d'Albert Londres.
Sauf qu'elle va plus souvent dans le sens d'une certaine vision du monde qu'une autre.
Rien d'étonnant quand on voit le décalage entre l'orientation politique des aspirants journalistes et la population.
Après tout pourquoi pas, et il n'est pas question de remplacer une orientation par une autre.
Mais plutôt qu'il y ait une représentation à peu près fidèle des courants de pensée.
Surtout lorsque qu'un groupe médiatique est financé par nos impôts et taxes.
J'ai eu la chance de faire des études de sciences politiques qui m'ont donné le bagage permettant de comprendre "qui parlait d'où", comme on dit chez les trotskistes, la grille idéologique du locuteur et ses éventuels biais.
Mais même avec ça, il m'arrive encore parfois de me faire avoir sur le mode "c'est un journaliste qui le dit, il doit donc retranscrire objectivement les choses".
Pas vraiment en fait.
Et si on peut être objectif sur la forme, en respectant par exemple des temps de parole, il est facile de ne pas l'être sur le fond, avec des questions tendancieuses par exemple.
S'agissant de l'audiovisuel public, je reproche en plus une forme de mépris de classe : un peu les bobos qui critiquent les Deschiens qui ne pensent pas comme il faut.
Alors qu'il y a encore quelques années je regardais régulièrement certaines émissions, comme "Ripostes" de Serge Moati, avec intérêt, désormais le spectacle me fascine plus par sa partialité.
Je joins quelques graphiques tirés d'une enquête publiée par Le Figaro Magazine, dont on peut reprocher en partie la méthodologie.
Mais quand on voit l'unanimité des intervenants sur certaines thématiques, ou d'émissions comme "Complément d'enquêtes", on peut légitimement s'interroger.
Je me force à lire des journaux très différents en terme d'orientations, afin de me forcer à prendre du recul sur mes propres biais et avoir plusieurs points de vue.
Ce n'est pas toujours agréable, mais cela apporte "Le courage de la nuance" pour reprendre le titre d'un livre de Jean Birnbaum.